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Interview de Michelle Reiser

« La réalité de la femme se construit en permanence »

dimanche 8 août 2010, par philzard

- Aujourd’hui, quand le consommateur utilise un média, quelle image a-t-il de la femme ? Quels sont les principaux stéréotypes ?
- Michelle Reiser : Les médias reflètent les stéréotypes qui imprègnent les esprits autant que l’inconscient collectif. Le principal est celui de la femme-objet. Dès qu’il s’agit de faire appel à des experts, on pense majoritairement à des hommes. Pour témoigner, surtout de la sphère familiale, c’est aux femmes qu’on donne la parole. Le savoir est masculin, la sensibilité féminine.

- Malgré ses dérives, Internet serait aujourd’hui un outil essentiel de valorisation de l’image de la femme. Qu’en pensez-vous ?
- M.R. : Internet est effectivement un outil essentiel dans la mesure où sa nature démocratique permet aux femmes de devenir des sujets, des acteurs, dans la construction de leurs représentations. D’ailleurs, on constate que les femmes y prennent la parole beaucoup plus aisément, notamment sur les blogs. Internet constitue ainsi une caisse de résonance efficace pour relayer un message. La montée en puissance des réseaux sociaux montre que s’y joue une partie importante pour l’évolution de la place de la femme.

- Entre « l’invisibilité de la femme » et un « exhibitionnisme forcené », comment dévoiler la réalité de la femme ?
- M.R. : Il me semble qu’il n’y a pas une réalité préexistante de la femme qu’il s’agirait de dévoiler. « On ne naît pas femme, on le devient », disait Simone de Beauvoir. La réalité de la femme se construit en permanence entre les deux extrêmes de l’invisibilité et de l’exhibitionnisme, il existe une palette de plus en plus large de modes d’apparition : dans le monde du travail avec leurs carrières et le « plafond de verre », dans la famille avec l’opposition femme/mère ou dans le registre de l’intolérable, comme les femmes battues. Les médias ont encore des progrès à faire, mais si l’on regarde les séries, je remarque que plusieurs séries françaises donnent le premier rôle aux femmes. Certains responsables des programmes ont conscience qu’il faut réduire le décalage qui existe encore entre l’image des femmes exposées dans les fictions et la place réelle qu’elles occupent dans notre société. Une chaîne a même créé une unité de programmes-laboratoires qui travaille sur des formats innovants pour déconstruire des stéréotypes.

* Michelle Reiser, présidente de la commission Image des femmes dans les médias, membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel.

Direct soir N°716 / Lundi 8 mars 2010

P.-S.

Extrait de Directsoir N°716 / Lundi 8 mars 2010

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