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De l’appréhension à la tolérance

mercredi 22 octobre 2008, par philzard

Si parmi les trois orientations, l’hétérosexualité nous est la plus plus familière, l’homosexualité et la bisexualité concernent un nombre appréciable de jeunes. En effet, l’exploration de diverses conduites sexuelles fait souvent partie du développement psycho-social des jeunes, sans pour autant présumer de leur orientation sexuelle définitive. Ainsi, selon des enquêtes, les attirances ou les expériences homosexuelles toucheraient jusqu’à la moitié d’entre eux. De plus. un certain nombre évolueront vers une identité homosexuelle ou bisexuelle confirmée à l’âge adulte. Des enquêtes respectant l’anonymat et la confidentialité des répondants rapportent qu’environ 10 p. 100 des hommes et 5 p. 100 des femmes manifestent une orientation homosexuelle à l’âge adulte. En ce qui concerne la bisexualité, c’est-à-dire l’attrait a l’égard des deux sexes, le nombre double presque : entre 13 p. 100 et 20 p. 100 chez les hommes et entre 9 p. 100 et 12 p. 100 chez les femmes. C’est dire qu’un nombre non négligeable de jeunes s’interrogeront sur leur orientation sexuelle.

Or, que savons-nous aujourd’hui des orientations sexuelles ? Comment expliquer sinon les préjuges, du moins le silence relatif entourant les conduites homosexuelles et bisexuelles ? Comment expliquer l’évolution des mentalités à leur égard ? Et surtout. comment peut-on contribuer à créer un climat de respect et de tolérance face aux personnes, quelle que soit leur orientation sexuelle ? Voilà quelques questions que se pose volontiers l’enseignante et l’enseignant qui abordent cette dimension du programme de Formation personnelle et sociale. Les quelques pistes de réflexion et de mises en situation qui suivent pourront lui être utiles.

De l’appréhension à la tolérance En refusant qu’une orientation sexuelle soit plus ou moins légitime qu’une autre. la société québecoise doit faire l’apprentissage de la tolérance et de la reconnaissance de la diversité.

Parler ces orientations sexuelles de leur diversité et de la tolérance qu’elles appellent, suscite souvent beaucoup appréhension. Comment puis-je en parler ? Comment en discuter avec ouverture et tolérance sans faire de prosélytisme ni risquer soi-même d’être ostracisé ? Comment en parler sans heurter certaines sensibilités ?

La culture occidentale dont nous faisons partie a développé une vision plutôt négative de l’homosexualité.Les historiens ne s’entendent pas sur les motifs de cette intolérance : raisons philosophiques, religieuses, politiques ? Quoi qu’il en sois, l’Occident est l’une des seules cultures à avoir ramené les désirs homosexuels à une identité particulière, inventant ainsi le personnage de l’homosexuel. Auparavant, on croyait que chacun pouvait avoir des désirs ou des rapports homosexuels, d’où probablement la force de l’interdit qui les frappait. Par ailleurs, les anthropologues nous ont appris que les diverses orientations sexuelles ont existé dans toutes les civilisations, à toutes les époques mais que les réactions a leur endroit variaient dans l’espace et dans le temps

Depuis une trentaine d’années, les choses ont évolué rampement en ce qui concerne la perception des orientations dites minoritaires que sont l’homosexualité et la bisexualité. Ainsi, le Parlement canadien décriminalisait à la fin des années soixante les relations sexuelles entre adultes consentants qu’elle que soit leur orientation sexuelle. Quelques années plus tard les associations américaines de psychiatres de psychologues et de travailleurs sociaux rayaient 1′homosexualité de leur liste de troublés mentaux mettant ainsi fin à une longue histoire de traitements qui allaient de la castration à la lobotomie en passant par les traitements hormonaux et les electrochocs. Le gouvernement québécois amendait en 1977 la Charte des droits et libertés de la personne afin de garantir le respect et l’égalité des personnes quelle que soit orientation sexuelle. Enfin plusieurs religions chrétiennes et autres ont sensiblement évolué en ce qui concerne l’homosexualité. Certaines églises autorisant maintenant l’ordination de ministres au culte d orientation homosexuelle.

La société québécoise se voit parfois confrontée à des manifestations d’intolérance, qu’elles soient ouvertes ou silencieuses violentes ou insidieuses. Or les conséquences de cette Intolerance sont particulièrement marquées chez les jeunes. Une première conséquence concerne tous les jeunes quelle que soit leur orientation sexuelle : l’homophobie qui va de pair avec le sexisme contribue à reproduire les inégalités entre les nommes et entre les femmes. L’homophobie peut aussi entrainer chez les jeunes qui ont des attirances ou des conduites homosexuelles des conséquences négatives importantes : isolement, harcèlement, violences de la part de leurs pairs. Plusieurs études montrent qu’un nombre important de jeunes en devenir homosexuel ou bisexuel se trouvent dans l’impossibilité de parler de leur vécu rencontrent des difficultés à adaptation familiale et scolaire, et sont à risque élevé d’abus de drogues du d’alcool. Certaines études rapportent aussi que les adolescents homosexuels sont trois fois plus a risque de tenter de se suicider que les autres adolescents : jusqu’au tiers des suicides d’adolescents seraient reliés au rejet réel ou anticipé de leur orientation sexuelle. Heureusement, tous les jeunes d’orientation homosexuelle ou bisexuelle ne vivent pas que des difficultés. Plusieurs arrivent à composer harmonieusement avec leurs préférences et avec les réactions diverses qu’elles suscitent. La compréhension qu’ils trouvent chez proches est souvent leur acquis les plus précieux. En nous débarrassant peu à peu des conceptions désuètes des orientations sexuelles, nous sommes mieux a même apprécier la diversité des êtres humains.

II y a une infinité de façons de vivre son orientation sexuelle en célibataire, en couple avec du sans enfants, dans l’abstinence comme dans la variété des expériences ou des partenaires. Cela est vrai que l’on soit hétérosexuel, homosexuel ou bisexuel. Rappelons par ailleurs qu’avec le mouvement de émancipation gaie et lesbienne et la reconnaissance croissante des couples d’hommes et des couples de femmes, de plus en plus d’enfants ont un ou deux parents d’orientation homosexuelle ou bisexuelle.

La pluralité des styles de vie et la diversité des conduites sont une constante de notre société contemporaine. Qu’elle soit sexuelle, ethnique, religieuse ou autre, apprendre à composer harmonieusement avec la diversité humaine est un des défis des générations qui grandissent. Le respect de l’autre quelle que soit son identité, son orientation du sa préférence sexuelle touche à des valeurs auxquelles nous tenons dont une des plus importantes est la tolérance. Accueillir l’autre ce n’est ni l’encourager ni le décourager d’être ce qu’il est. C’est le reconnaître unique dans ses ressemblances et ses différences.

Voir en ligne : Pour en savoir plus, article complet

P.-S.

Article publié le juillet 28, 2002 dans À propos de l’orientation sexuelle, Le Petit magazine de la formation personnelle et sociale vol 4 n par Michel Dorais et Daniel Sansfaçon

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