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TEXTE ISSU DU JOURNAL DE L’ANIMATEUR AVRIL 2003 par Jacques Trémintin

Les jeunes face à l’homosexualité

samedi 12 mars 2005, par philzard

Le long chemin de la tolérance Les tout débuts de l’humanité Si l’on recherche dans l’histoire de l’humanité les traces laissées par l’homosexualité, on constate que la désignation de ce comportement et sa distinction avec l’hétérosexualité remontent à peine à la fin du XVIIIe siècle, le besoin de les dénommer par des termes particuliers ne se concrétisant respectivement qu’en 1869 et 1888. Longtemps durant, la question ne s’est tout simplement pas posée. Première explication possible : celle relevant de la biologie’11. Les fonctionnements propres à l’espèce à laquelle l’être humain appartient sont basés sur un paradoxe : le cycle oestral des mammifères femelles est limité pour permettre à la mère de nourrir ses petits, mais le mâle, lui, produit en grand nombre et en grande quantité une semence dont il ressent le besoin de se libérer fréquemment. La disponibilité des femelles n’étant pas toujours assurée et la nécessité de dépenser son énergie superflue étant irrépressibles, on assiste à des comportements masturbatoires ou exhibitionnistes, mais aussi des pratiques courantes dirigées vers d’autres mâles. Cela a été fréquemment constaté chez nombre d’espèces, l’être humain n’échappant pas à cette règle. Des cérémonies ritualisées Si l’on quitte le terrain de la nature pour celui de la culture, on s’aperçoit très vite que l’attirance pour un être du même sexe constitue non seulement une constante universelle, mais a été pendant longtemps, parfaitement intégrée. La préhistoire fourmille de traditions, dont certaines se sont perpétuées jusqu’à nos jours, sur certains continents (avant que la colonisation n’y mette un terme). Ainsi, en va-t-il de cette coutume que l’on identifie à une forme d’insémination homosexuelle. Plus d’une dizaine d’années étant nécessaire pour que le jeune mâle devienne fertile, la nécessaire maturation du petit d’homme s’imposa comme une nécessité vitale : la survie de la communauté dépendait de la capacité de procréation de la jeune génération. Les rites qui s’imposèrent alors visaient à ensemencer les adolescents pour leur permettre de commencer à produire le sperme nécessaire à la reproduction. Et c’est de cette croyance que sont nées ces pratiques que l’on retrouve dans quasiment toutes les civilisations et qui consistaient à ce que les adultes pénètrent les jeunes garçons (sous une forme anale ou orale) afin de délivrer la substance destinée à enclencher, chez lui, le processus de fabrication de sa précieuse semence. Il ne s’agissait pas là, toutefois, de relations homo-érotiques proprement dites, mais plutôt de cérémonies officielles complètement ritualisées qui ne présumaient en rien de la sexualité ultérieure des personnes concernées. Une pratique courante en Grèce En Grèce et à Rome Mais c’est sans doute l’héritage de cette longue tradition qui se retrouvera dans la civilisation grecque sous la forme de la relation pédagogique très particulière établie entre l’éronème (un adulte d’une quarantaine d’années) et l’éraste (un adolescent pubère). Il s’agissait alors d’un rapport entre un élève et son maître, entre un disciple et son modèle, entre un apprenti et son aîné. Mais si ce lien relevait bien d’une prise en charge éducative relative à la transmission de savoirs et à l’apprentissage des relations sociales, il y avait aussi initiation aux rapports sexuels. Cette coutume était extrêmement codifiée, débutant après l’âge de 12 ans et cessant dès que les premiers poils de barbe apparaissaient chez le jeune. Une famille qui ne trouvait pas d’amant pour son fils était couverte de honte, son enfant étant alors suppose porter quelque tare pour n’avoir point trouvé de-protecteur. Ce qui sera, tout au long de l’Antiquité gréco-romaine, source de stigmatisation, c’est la position passive de celui qui se fait pénétrer et surtout l’attitude de l’homme libre se faisant sodomiser par un esclave. C’est donc bien la place sociale qui pose alors problème dans les relations sexuelles et non pas la nature du rapport. Des Indes au Japon La civilisation indienne, de son côté, réservera une place particulière au culte du plaisir sous toutes ses formes, Le Kama-sutra en est une manifestation largement répandue. Mais, ce qui l’est moins, c’est la conviction selon laquelle la stimulation rectale mettait en mouvement les facultés artistiques, poétiques et mystiques. On retrouve la même tolérance, ou plus exactement la même ignorance quant à une distinction entre homosexualité et hétérosexualité, en Chine, civilisation qui fera de l’amour entre hommes une question d’esthétisme et de littérature sans jamais y voir un problème moral, social ou religieux. Il en va de même au Japon, nation marquée, elle aussi, par une longue tradition culturelle de passions homosexuelles et, comme en Grèce, pédérastiques (notamment entre les samouraïs et leurs jeunes élèves). Une constante universelle Un troisième genre L’universalité de l’homosexualité est une constante de l’histoire humaine. Les Aztèques considéraient la sodomie comme une pratique tout à fait légitime : ils la feront pratiquer par leurs prêtres comme rituel liturgique et consacreront même un dieu (Xochipili) à la prostitution masculine et aux relations entre hommes. L’Amérique du Nord n’est pas exempte de ces situations, qui semblent, à certains, aujourd’hui, si inconvenantes. Ainsi, dans près de 150 tribus d’Amérindiens, les individus attirés par des êtres du même sexe se trouvaient affublés d’un troisième genre. Ils étaient désignés comme « deux esprits », « homme-femme », ou encore « femme-homme ». Un sujet de sexe féminin, mais de genre « femme-homme » pouvait très bien se marier avec une autre femme. Si l’on peut considérer- en reprenant des concepts complètement anachroniques dans ce contexte - qu’il y avait homosexualité de sexe, du point de vue de la société d’appartenance, il s’agissait d’hétérosexualité de genre (puisque les deux individus ne partageaient pas le même sexe tel que défini par la société). Un couple de même sexe biologique étant par définition stérile, un amant officiel pouvait alors procurer sa semence et permettre la naissance d’un enfant sans pour autant prétendre à aucun droit sur celui-ci.

P.-S.

TEXTE ISSU DU JOURNAL DE L’ANIMATEUR AVRIL 2003 par Jacques Trémintin

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