Comment définir l’homosexualité ?
Une perception culturelle Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, l’homosexualité ne répond à une définition ni simple, ni universelle".
Selon les cultures et les pays, ce terme désigne une réalité qui peut tout à fait être différente. Il convient, en fait, de distinguer entre les actes, d’un côté, l’amour et le désir de l’autre et, enfin, l’identité homosexuelle proprement dite. Les actes donc, d’abord : ils recouvrent toute une panoplie de comportements qu’on ne peut réduire à la simple caricature.
Ainsi, si en Europe ou aux États-Unis toute relation sexuelle, sous quelque forme que ce soit, entre deux personnes du même sexe appartient à cette catégorisation, dans un certain nombre de pays du Tiers Monde (et plus particulièrement dans le monde latin), seul celui qui adopte une position passive est considéré comme tel.
Le partenaire qui agit pendant la pénétration ne s’estimera pas et ne sera pas estimé comme homosexuel.
Autre illustration : l’action qui consiste, à l’adolescence, pour des jeunes garçons, à pratiquer des masturbations réciproques ou pour des jeunes filles à s’enlacer ou à s’embrasser n’est pas reconnue comme une forme d’homosexualité, mais plutôt comme une phase de découverte de son corps et du corps de ses pairs.
La pratique de la sodomie n’est pas, quant à elle, non plus un critère pertinent. Si tous les homosexuels ne s’adonnent pas à cet usage, 30 % des hommes et 24 % des femmes hétérosexuels reconnaissent s’y être adonnés.
Difficile définition
Si l’on se tourne à présent vers le désir, on constate là aussi une multitude de situations bien différentes l’une de l’autre. L’attirance entre deux êtres, quels qu’ils soient, ne passe pas forcément par l’acte sexuel.
Henri Tachan, dans l’une de ses chansons, affirme qu’entre l’amour et l’amitié, il y a juste un lit. Cela signifie-t-il qu’en dehors de cet espace, il y aurait convergence des sentiments ? Deux personnes du même sexe peuvent partager une grande partie de leur vie (loisirs, travail, passion...) dans une grande plénitude et une parfaite harmonie, sans jamais avoir de rapports sexuels. Pourtant, cette attirance intense réciproque peut ressembler à s’y méprendre à une relation de couple qui ne dit pas son nom.
Et puis, il y a ces activités qui mêlent les corps et les âmes dans une fraternité parfois bien troublante. S’il y a bien un sport qui n’est pas fait pour (es « pédés », c’est le rugby. Et pourtant, ces mêlées ouvertes, ces placages, ces douches prises en commun... Les frontières du désir sont donc bien moins nettes qu’on le pense, parfois. Enfin, il y a l’identité homosexuelle, cet aboutissement d’un processus qui fait qu’on se reconnaît comme tel et qu’on en assume les conséquences, avec d’ailleurs ou non une inscription dans la communauté gay. Mais, combien d’homosexuels qui s’ignorent ou refusent de sortir de la clandestinité, se retrouvent marié(e)s et pères (mères) de famille, nourrissant des fantasmes secrets qui les remplissent de honte (de ne pouvoir s’en débarrasser) ou de souffrance (de ne pouvoir les assouvir).
On mesure donc l’extrême difficulté à donner une définition précise. Cela tient beaucoup à la diversité et la richesse de l’être humain, qui se laisse difficilement enfermer dans une catégorisation étroite qui se voudrait généraliste et universelle.
Comprendre l’homosexualité - Des clés, des conseils, pour les homosexuels, leurs familles, leurs thérapeutes. Marina Castaneda, Robert Lafont.